La Vieille Hélène
La Vieille Hélène
La Vieille Hélène, ou Buste de vieille femme est une sculpture en terre cuite réalisée par Camille Claudel vers 1881-1882. D’après Mathias Morhardt, son premier biographe, ce portrait de jeunesse serait la première œuvre signée de l’artiste. Il représente une des domestiques de la famille Claudel. Le chignon très fin indique son origine modeste.
Le modèle avance son visage et le détourne légèrement pour l’offrir à l’observation sagace de la sculptrice. Ses lèvres sont rentrées, son menton saillant. Le regard semble amical et amusé par l’exercice de la pose. La vieille femme devine-t-elle déjà que Camille Claudel n’épargnera aucun défaut ? Qu’elle recherchera dans son visage toute la vérité et marquera avec profondeur chaque ride observée ? Les plis du front, les commissures de lèvres, des yeux sont profondément marqués. La peau du cou est relâchée.
Mathias Morhardt rencontre Camille Claudel en 1896. Il écrit un article « Mlle Camille Claudel » publié dans la revue Le Mercure de France en mars 1898 et imagine la maison familiale devenue « dépendance d’un atelier » où chaque membre assiste la sculptrice, par des tâches subalternes ou encore de longs moments de pose. Camille Claudel était-elle alors aussi exigeante avec son entourage que l’a décrit Mathias Morhardt et comme l’a raconté son frère Paul Claudel ? Quoi qu’il en soit, le portrait de la domestique montre que, comme beaucoup d’artistes, la sculptrice s’est entraînée à l’art du portrait en faisant poser son entourage.
Au musée, cette œuvre côtoie les portraits de ses parents par Alfred Boucher. Ces bustes réalisés par celui qui fut son premier maître ont pu inspirer Camille Claudel. Toutefois les intentions diffèrent. Lorsque Boucher s’attache à représenter le caractère propre de chacun de ses parents, Camille Claudel interroge déjà un thème qui se répétera dans son œuvre : la représentation de la vieillesse.
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L’Âge de pierre ou Homme combattant un serpent
L’Âge de pierre ou Homme combattant un serpent
Ce plâtre est le modèle du bronze de L’Âge de pierre commandé par l’Etat pour orner l’escalier de la galerie de zoologie du Muséum national d’histoire naturelle, devenue depuis la galerie de l’Evolution. Le choix du sujet s’inscrit dans le contexte des travaux des premiers préhistoriens. Dans la lignée de Jacques Boucher de Perthes et en s’appuyant sur la découverte de silex taillés, ceux-ci ont prouvé que l’homme existait à des époques très reculées, beaucoup plus anciennes qu’on ne le pensait jusque-là.
Thomas a figuré un homme combattant un serpent au moyen d’un silex taillé, secondé par son chien qui incarne la civilisation par opposition au monde sauvage du serpent. Sa représentation reflète évidemment l’état des connaissances de son temps. On sait aujourd’hui que les silex étaient majoritairement utilisés comme outils et non en tant qu’armes et qu’ils étaient maniés au moyen d’un manche ou d’une poignée aujourd’hui disparue. De plus, pour ce sujet novateur, Thomas est resté tributaire des modèles gréco-romains. La composition du corps en extension et le serpent s’enroulant autour des jambes sont ainsi directement issus du Laocoon, chef d’œuvre de la sculpture hellénistique qu’il avait pu étudier au Vatican pendant son séjour à Rome.
Loin du monde
Loin du monde
Héloïse (1101-1164), femme de lettres, épouse d’Abélard et première abbesse du Paraclet.
Cette grande silhouette solennelle et silencieuse, drapée de marbre gris bleuté, semble retranchée en elle-même. Elle évoque Héloïse (vers 1092-1164), une intellectuelle, poétesse et chansonnière qui fut l'une des femmes les plus brillantes de son temps. Elle a formé, avec le non moins célèbre philosophe Abélard, un couple mythique dont les amours ont été transmis à la postérité par leur correspondance et par le récit d'Abélard, Histoire de mes malheurs (vers 1132). D'abord élève et maître, Héloïse et Abélard sont rapidement devenus amants. Leur histoire rocambolesque est ponctuée de séparations forcées, d'enlèvements, de fuites, d'accouchement secret jusqu'à la terrible émasculation d'Abélard. Ils entrent alors tous deux dans les ordres et entament une correspondance. Héloïse devient en 1130 la première abbesse du Paraclet, à quelques kilomètres de Nogent-sur-Seine. Elle fera de cette abbaye un centre intellectuel hors pair avant d'y être inhumée, en 1164 avec Abélard qui y reposait depuis 1144. En 1819, leurs cendres ont été transférées au cimetière du Père Lachaise à Paris.
Si l'histoire des amants est célèbre dès le XIIIe siècle, elle connaît un succès considérable à partir de la fin du XVIIIe siècle. De nombreux artistes représentent les amants enlacés, ou éplorés à la lecture d'une lettre de l'absent. Ici, Allouard propose une interprétation austère. Il représente l'abbesse profondément plongée dans ses rêveries, un livre de prière à la main, sans que l'on puisse dire cependant si elle est tournée vers des pensées spirituelles ou plus charnelles. Pendant des années, cette sculpture était présentée à l'extérieur. Les intempéries ont érodé le marbre, faisant saillir les veines de la pierre, ce qui accentue les reliefs du tissu aux lourds plis tombants et lui confère un aspect moiré, aussi réussi qu’involontaire.
Les Ondines ou Les Nymphes de la Seine
Les Ondines ou Les Nymphes de la Seine
Cette colonne était l’un des éléments constituant l’immense fontaine en grès érigée cours La Reine par la manufacture de Sèvres à l’occasion de l’exposition universelle de 1900. Avec cette construction monumentale, la manufacture entendait démontrer son savoir-faire et impressionner les visiteurs. Trois nymphes ou ondines, divinités ou génies peuplant la Seine, forment une ronde autour de la colonne. Leur position dos à dos ainsi que la souplesse des drapés évoquent Les Trois Grâces de Germain Pilon, monument conservé au musée du Louvre dont Boucher possédait un dessin dans sa collection personnelle. Le traitement du grès en dégradés de bleus et de verts et le mouvement des drapés très fluides évoquent l’écoulement de l’eau associé au cours du fleuve.
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Jeanne d'Arc écoutant ses voix
Jeanne d'Arc écoutant ses voix
Fonte Susse frères
Alors que Jeanne d’Arc est habituellement figurée en guerrière ou en bergère, Alfred Boucher la représente ici captive, assise sur un banc, le pied gauche enchaîné par des fers à peine visibles. L’artiste fait un choix iconographique rare. En campant l’héroïne emprisonnée, seule dans sa cellule, il évoque la trahison d’un roi qui l’a abandonnée.
La pucelle d’Orléans est représentée en toute simplicité, vêtue d’une simple robe qui évoque la tunique de toile soufrée qu’elle portera sur le bûcher, et dans une position d’attente, les jambes croisées et les deux mains jointes juste en dessous du genou droit. L’expression du visage montre la forte personnalité de la jeune femme, absorbée dans ses rêveries ou écoutant ses voix, faisant face à son destin.
Boucher présente une version en plâtre au salon de 1911 et un marbre à celui de 1912 sous le titre Rêverie. L’exemplaire du musée est une réduction éditée par le bronzier Susse qui allie le bronze, le marbre et le granit pour le socle. Sa polychromie en fait une statuette précieuse, rare dans la production d’Alfred Boucher, mais correspondant parfaitement au goût de l’époque. Cette figure s’inscrit dans la longue série des statuettes dédiées à Jeanne d’Arc dans les années qui précèdent sa canonisation en 1920.
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La Fortune
La Fortune
Fonte Eugène Blot, 1905
La Fortune a été l’une des premières œuvres de Camille Claudel éditées par Eugène Blot, avec L’Implorante et Rêve au coin du feu. Il en a réalisé seize exemplaires. Exposée au Salon d’Automne en 1904 et dans la galerie de Blot l’année suivante, la sculpture a trouvé peu d’écho dans la presse, en dehors du bel hommage d’un certain Zakouski dans La Vie parisienne : « une petite Fortune, qui semble, avec sa finesse et sa puissance, quelque nudité de Watteau s’esquivant d’un bloc de Rodin. »
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Biografie: Camille Claudel
Nach Jahren des Vergessens wird Camille Claudel heute als eine der großen Künstlerinnen ihrer Zeit anerkannt.
Sie wird 1864 im Département Aisne in einer kleinbürgerlichen Familie geboren und die Autodidaktin beginnt schon sehr früh, mit Ton zu modellieren. In Nogent-sur-Seine wird ihr erster Lehrer, der Bildhauer Alfred Boucher, auf sie aufmerksam. Als er nach Italien aufbricht, vertraut er sie einem Freund, Auguste Rodin, an. Schnell ist die junge Frau aus dem Atelier des Meisters nicht mehr wegzudenken. Sie teilt etwa zehn Jahre lang mit ihm im regen Austausch von Ideen, Modellen und Einflüssen Leben und Werkstatt. Camille Claudel entwickelt ihren eigenen Stil, schafft zahlreiche Meisterwerke und erlangt zunehmend Anerkennung.
Nach ihrer Trennung von Rodin und durch den ständigen Vergleich ihrer Werke mit denen des Meisters verletzt, stellt sie ihre künstlerische Unabhängigkeit unter Beweis, indem sie sich neue Inspirationen schafft. Auf dem Höhepunkt ihrer Schaffenskraft erschöpft sich ihre Kreativität durch wahnhafte Verfolgungsängste. Sie zieht sich zurück, zerstört ihre Werke und wird auf Wunsch ihrer Familie bis zu ihrem Tod im Jahr 1943 in eine psychiatrische Anstalt eingewiesen.
Camille Claudel à l’œuvre : Sakountala
Exposition temporaire

À l’occasion des 160 ans de la naissance de Camille Claudel, le musée met à l’honneur l’artiste à travers l’une de ses œuvres majeures : Sakountala. Cette sculpture, la seule qui lui ait valu une récompense au Salon, est un fil permettant de retracer la carrière de l’artiste, en s’appuyant notamment sur les variations qu’elle en a proposées, sous différents titres et en divers formats et matériaux : de L’Abandon à Niobide blessée en passant par Vertumne et Pomone.
L’exposition revient sur la patiente élaboration de l’œuvre et l’histoire mouvementée de sa réception ainsi que sur le choix de ce mythe issu de la littérature indienne ancienne, en vogue au XIXe siècle, qui fait toute la force et l’originalité de Sakountala.
Bénéficiant de prêts exceptionnels du musée Rodin, de la Bibliothèque nationale de France et du musée d’Orsay, cette exposition a reçu le label « Exposition d'intérêt national » du ministère de la Culture.
Affiche : Agence Drôles d'oiseaux
Informations pratiques
Lieu : Horaires & Tarifs :Jusqu'au 31 octobre, ouvert du mardi au dimanche de 10h à 18h
Du 2 novembre au 4 janvier 2025, ouvert du mercredi au dimanche de 10h à 17h
Billet d’entrée collections permanentes et exposition temporaire :
Plein tarif : 10 euros
Tarif réduit : 6 euros (seniors de plus de 60 ans et titulaires d’une carte de famille nombreuse)
Gratuit pour les étudiants et les moins de 26 ans, les titulaires du Pass Education, d'une carte de presse, d’une carte du ministère de la Culture, d’une carte ICOM, les adhérents à la maison des artistes, les demandeurs d’emploi, les bénéficiaires du RSA ou du minimum vieillesse, les mutilés de guerre et accompagnateur, les visiteurs handicapés et accompagnateur
Jeune Romain
Jeune Romain
Paul Claudel (1868-1955), frère de l’artiste, écrivain et diplomate.
Camille Claudel vient probablement d’arriver à Paris lorsqu’elle modèle ce portrait de son frère Paul, alors âgé de 13 ans. Confident et fidèle compagnon de jeux, Paul est aussi son premier modèle et la personne qu'elle a le plus souvent représentée. Les lèvres serrées, le regard au loin, Paul affiche un air sérieux qui détonne avec son jeune âge, et le drapé qui entoure les épaules lui confère une certaine solennité.
Dès le début de sa carrière, Camille Claudel affirme son talent de portraitiste et sa capacité à saisir la psychologie du modèle. Elle conjugue ici toute la puissance évocatrice de l’Antiquité romaine, et surtout de la Renaissance florentine. En effet, malgré son titre, ce portrait évoque bien les bustes italiens de la première Renaissance italienne que Claudel a étudiés au musée du Louvre. La forme du buste reliquaire, c’est-à-dire coupé aux épaules, l’admirable étude du drapé, et même ici la bichromie sont des références directes à cette période. En cela, elle s’inscrit dans le mouvement néo-florentin de son époque, inspiré par la Renaissance italienne du XVe siècle : on peut y voir une probable influence de Paul Dubois, chef de file de ce mouvement. Cependant, Claudel demeure dans une veine naturaliste et une exploration psychologique qui lui sont propres.
Ce buste témoigne de l’affection mutuelle que se portent le frère et la sœur. Une vingtaine d'années plus tard, le buste de Paul Claudel à 37 ans redit cette relation intacte, ces échanges artistiques féconds entre le célèbre écrivain et la sculptrice.
Auguste Rodin
Auguste Rodin
Fonte Rudier, 1897-1898 - Caducée du Mercure de France gravé sous la signature C. Claudel
Pour l’unique portrait qu’elle a sculpté d’Auguste Rodin, Camille Claudel a adopté un style proche des œuvres de son aîné si bien qu’on le qualifie parfois « d’autoportrait par procuration ». La sculptrice a ainsi accentué le modelé pour accroître l’expressivité du visage, concentrant toute l’énergie dans le regard qui incarne la puissance créatrice du sculpteur. Extrêmement creusée, la barbe semble se transformer en rocher en partie basse, dans un motif plastique qui s’émancipe des conventions de la représentation. Cette liberté formelle est emblématique du style personnel de Claudel et évoque le traitement des chevelures dans d’autres compositions de sa main. C’est aussi l’une des images les plus saisissantes du maître qui a d’ailleurs souvent choisi ce buste pour le représenter dans ses expositions personnelles. Cet exemplaire compte parmi ceux qui ont été commandés à l’artiste par la revue Mercure de France. Or, on sait par sa correspondance que Claudel était contractuellement chargée d’en exécuter la ciselure. On y relève une manière très brute dans les coups de burin formant des sillons sur les tempes et le haut des joues pour donner encore plus de mouvement aux cheveux et à la barbe