La sculpture dans les intérieurs bourgeois

La sculpture dans les intérieurs bourgeois



A l’instar de l’estampe reproduite mécaniquement au XIXe siècle, l'édition de sculptures participe abondamment au décor des intérieurs bourgeois. Il y en a pour toutes les bourses, entre les bronzes, les plâtres patinés, les biscuits de Sèvres, le carton pierre... et pour tous les goûts. Les réductions sont proposées en plusieurs tailles.


La floraison de l’édition des bronzes au XIXe siècle a été possible grâce à trois nouveautés. Tout d’abord l’appareil inventé par Achille Collas permettait de réduire ou d’augmenter mécaniquement les modèles. Achille Collas remporte pour son invention une grande médaille d’honneur à l’Exposition universelle de 1855. Puis, les progrès réalisés dans le procédé de la fonte au sable donnent la possibilité de reproduire les œuvres en grand nombre d’exemplaires. Et enfin l’instauration de contrats passés entre sculpteurs et éditeurs protège le droit de propriété du créateur et lui assure des revenus.

Au-delà des avancées techniques, le succès des fabricants repose sur leur talent de marchand, leur discernement dans la sélection des artistes et des œuvres susceptibles de satisfaire le goût académique dominant de la clientèle bourgeoise. Cent cinquante-trois éditeurs sont présents à l’Exposition universelle de 1889. Parmi cette multitude, quelques noms émergent, dont les boutiques s’apparentent à des galeries d’art : Barbedienne, Susse Frères, Thiébaut Frères, Siot-Decauville, Hébrard. Le bronze d’édition est l’apanage du XIXe siècle. Il incarne le rêve du siècle : l’union de l’art et de l’industrie, soutenu par l’Etat autant pour des raisons économiques que d’image de la France, pays des arts.

La reproduction de sculptures en dimensions réduites, s’inscrit pleinement dans l’histoire de la sculpture du XIXe siècle. Dans les années 1870 – 1880, les œuvres contemporaines se multiplient dans les répertoires des éditeurs. De nombreux artistes réalisent des œuvres spécifiques pour l’édition. Parallèlement, les œuvres monumentales commandées pour l’espace public comme la sculpture funéraire entrent dans le répertoire. C’est le cas par exemple de la Fileuse de Bou-Saada réalisée par Barrias pour la tombe du peintre Guillaumet au cimetière Montmartre.

Parmi les sujets les plus en vogue, on retiendra les thèmes historiques, les nus féminins teintés d’érotisme, les figures d’enfants... Les sculpteurs n’hésitent pas à mettre leurs talents au service des arts décoratifs, notamment dans la création de vases (Chéret, Rodin, Desbois, Dalou...) ou de surtouts de tables spectaculaires (Fremiet, Agathon Léonard).

 

La collection Camille Claudel 

 

Louis-Ernest Barrias (1841-1905), Jeune fille de Bou-Saada, modèle 1890, bronze Susse frères 1910 et marbre, H.71 x L.69 x P.58 cm, legs Docteur Baillif, inv.48915, dépôt du musée des Arts décoratifs, Paris